Les jeunes du contingents
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jeunes du contingent pour l'algerie

Salan avait obtenu ses 500 000 hommes et sans trop de difficulté. Le problème algérien était quotidienne­ment à la une des journaux. C'était la principale préoccupation de chaque nouveau président du Conseil qui le clamait bien haut à la tribune de l'Assemblée. La guerre d'Algérie s'installait doucement dans les moeurs françaises. Maintenant on le savait, à vingt ans, le service militaire, c'était l'Algérie. Et ça ne se passait pas trop mal. Tous les mois la gare de Lyon à Paris, comme toutes les gares des villes de garnison, retentissait des gueulantes des adjudants qui dirigeaient vers les longs trains de 2e classe des files de garçons engoncés de gros drap kaki, le paquetage en saucisson sur l'épaule, la valise en inox à la main. Finies, les manifestations de rappelés des années 55-56 ! Terminé, les femmes qui se couchaient sur les voies ! Oubliées, les explosions de colère qui mettaient à sac les gares traversées !

En 1957, après trois mois de classes en France ou en Allemagne les jeunes Français appelés sous les dra­peaux se retrouvaient à Marseille où le commerce était florissant. C'était la tradition. Et seuls les pistonnés pouvaient couper à l'Algérie. On partait sans enthousiasme mais sans colère. Avec même un sentiment de curiosité. A Paris, au 14 juillet, les paras avaient été follement acclamés sur les Champs-Elysées. On allait voir comment ça se passait réellement sur cette terre dont on parlait tant et que l'on ne connaissait pas. On allait voir du pays. Du sable, des forêts et de la montagne. Et découvrir aussi ces moukères dont l'oncle qui avait été dans les tirailleurs parlait toujours à la fin des dîners de famille, dans le coin des hommes ! Et puis encore une fois tous les politiciens au pouvoir, socialistes, radicaux, républicains sociaux le répétaient à l'envi : en Algérie, ce n'était pas la guerre.

Malgré ces renforts considérables, Salan n'avait pas les moyens de mener une guerre offensive. L'armée était encore trop lourde. Dans cette guerre de guérilla trois régiments parachutistes et deux harkas bien encadrées valaient mieux que cette magnifique 7e D.M.R. (division mécanique rapide) dont le matériel s'enlisait dans la boue des pistes détrempées. En outre, ces jeunes du contingent arrivaient sans formation. Pas d'entraînement à la guérilla. Et pour une simple raison : l'état-major général autorisait un certain pourcentage de casse au cours de l'entraînement des unités de choc, parachutistes ou commandos de marine. On ne s'en souciait pas. II n'y avait pas de réclamations. Les jeunes qui en faisaient partie étaient volontaires et en savaient les risques. Mais si cet entraînement était généralisé, si les biffins, les artilleurs, les tringlots subissaient cette dure préparation, quelle serait la réaction de l'opinion publique et des familles qui la composaient ?
Comment ! on nous dit que ce n'est pas la guerre, et le petit se prépare comme s'il allait être parachuté en pays ennemi ? Il ne fallait surtout pas inquiéter les parents, les électeurs. La leçon de Palestro n'avait pas été comprise. Ou plutôt on préférait l'oublier !
Malgré cette armée nombreuse en hommes, puissante en matériel, Salan ne pouvait faire que de l'occupation. La pacification serait donc l'affaire du contingent. On laisserait les régiments de réserve générale, ceux qui connaissaient la guérilla et les techniques subversives de l'adversaire, s'occuper de la chasse aux fells.

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